Vendredi 18 juillet 2008 à 20:04

Doux leurre, Deuxième partie

L'eau froide pénétra lentement par les pores de leur peau. La respiration d'arrêtait pour Taël, il avait l'habitude, depuis le temps. Cette fois il avait beaucoup douté, était-ce une erreur ? Ce n'était peut être pas pour rien que Loue et lui étaient séparés à chaque fois dans chaque nouveau monde. Mais cette fois il avait cessé de la poursuivre cette « fille coup de vent » qui apparaissait et disparaissait de sa vie à sa guise. Depuis que cette fille au regard perdu lui avait parlé Loue n'avait plus été qu'un vague souvenir douloureux. Une cicatrice du passé. Et, elle, Eléa machinalement, elle avait retenu sa respiration, elle commença à suffoquer. Et avec le manque d'air vint la frayeur, puis la terreur et la panique. Tout son corps était tendu, raidit, comme un arc, à l'exception seule de la main que Taël serrait toujours, indifférent. Quoique la sienne tremblait légèrement, sans doute était-ce de l'excitation. Les cheveux or de Taël semblaient se mouvoir aussi gracieusement que les longues nageoires de ces poissons exotiques aux couleurs vives. Ceux de Eléa ondulaient comme les vagues qui les submergeaient à présent de plus en plus. L'air se vidait de leurs poumons, lentement mais les conduisant vers une asphyxie certaine. Eléa finit par se détendre en sentant les pressions régulières exercées par la main de Taël. Alors, son corps s'illumina de l'intérieur, la rendant presque transparente. Dans son corps elle sentit les battements réguliers de sa pompe à sentiments ralentir, ses yeux s'arrondissaient comme des billes, ils s'assombrirent, passèrent de cet étrange bleu orangé à un noir d'encre. Elle eu l'impression que son corps s'allégeait pourtant celui-ci tombait sous ses yeux, tout comme celui de son compagnon blond dont le corps semblait grandir et s'étirer comme un élastique. Les peaux éclatantes de ces deux enfants de l'innocence devinrent plus opaques et moins lumineuses, cependant la lumière restait aveuglante pour quiconque était normalement constitué. Enfin, tout alla beaucoup plus vite, très vite, trop vite. Soulevés au dessus de la mer, leurs pieds ne gouttèrent pas, ce n'étaient donc plus leurs corps, ils demeureraient au fond de la mer. Le vent soufflait, la tempête faisait rage à la surface, le monde s'étendit sous leurs yeux, immense et beau dans toute son horreur. Assis sur un arc-en-ciel, attendait un enfant, lorsqu'il vit Taël et Eléa arriver, il se précipita sur eux, radieux. Il se contente de sourire vers le jeune homme dont la chevelure ondulait sur le visage, d'un ébène à présent scintillant. Ce bel ange lui fit une révérence des plus gracieuse. L'enfant, rouquin avec ses yeux verts et ses taches de rousseurs parsemées sur le visage rond de bonté, attrapa la main de Eléa et lui baisa délicatement. Aussitôt une étrange chaleur envahit la jeune fille. Une boule semblait s'être formé au niveau du baiser. Celle-ci se trémoussa et remonta jusqu'à la poitrine, Eléa en resta statufiée de surprise. La petite boule battait à l'emplacement du cœur et la belle aux yeux encre se sentit s'alourdir un peu. C'est lourd un cœur. Comme si le gamin avait entendu cela, il s'approcha et souffla avec douceur sur la boule. Alors elle se plaqua contre la paroi interne de son dos et le déforma. Néanmoins aucune douleur ni souffrance n'accompagne cette métamorphose. Au bout de quelques minutes Taël sourit et alors, de son dos intact et lisse surgirent de grandes ailes brunes tachetées d'ivoire.
 « Elles ne sont pas tout à fait pareil, souffla t'il heureux, un sourire indélébile coller aux lèvres.
-Comment ça ? cela lui sembla étrange cette voix qui sortit d'elle semblait presque blanche.
- Regarde dans ton dos, suggéra le chérubin »
Elle s'exécuta, découvrant des ailes fines mais élancées, blanches couvertes de tâches difformes noires et marron. Elle ouvrit grand la bouche et ses yeux noirs furent traversés d'un éclair indéchiffrable.
 « Quand partons-nous ? cette question mis fin à la rêverie de la belle aux yeux sombres mais à la voix blanche
- Apprend lui déjà ce que tu sais, après nous verrons, l'enfant riait joyeusement avec une innocence à en faire pâlir un nouveau né de jalousie.
- Bien. »
Les tâches de rousseurs et les yeux verts coururent le long de l'arc-en-ciel et disparurent, se laissant glisser sur cette cascade éternelle.

Vendredi 18 juillet 2008 à 20:02

Voici l'histoire que j'avais écrite à l'occasion du concours d'écriture de nouvelle auquel je n'ai malheureusement pas reçu de récompense, mais la vie continue ! =) Cet extrait je pense que peut être certains le reconnaitrons puisque c'est un ancien article ^^

DOUX LEURRE

"Tu es prête ?
-Non.
-Tu as peur ?
-C'est normal non ?
-Oui, non. Je n'en sais rien, moi je n'ai pas peur.
-Arrête tes bêtises, je sais très bien qu'il t'arrive d'avoir peur mon beau.
-Je t'ai déjà dit de ne pas m'appeler comme ça ! Oui j'ai peur parfois, mais, pas là.
- Je ne te comprends pas, tu devrais avoir peur non ? Moi je suis morte de peur, rien qu'à l'idée de....
-Oui, je le sens bien que tu as peur, tu me brises le bras avec tes petites mains...
-Oh pardon, je, je suis désolée.
-Eh, reviens là, ne t'inquiètes pas, ça ira. Tu verra, j'ai l'habitude tu sais. Tu n'es pas la première avec qui je le fais.
-Et, il...
-Combien c'est ça ?
-....
- Je dirai cinq. Mais, tu sais, ça ne veut rien dire.
- Oui....alors, c'est....c'est comme on dit ?
- Pas tout à fait, la première fois ça fait surtout très mal. Une douleur sourde dans le bas ventre, un feu qui te dévore les lèvres, une chaleur qui t'envahit toute entière...C'est pas aussi beau qu'on le dit, mais la première fois, même si c'est dur, après c'est plus que merveilleux.
- Tu es certain de ce que tu fais ?
- Oui, mais si tu veux arrêter on peut, seulement il faut que tu me le dises maintenant, après je ne pourrai plus arrêter.
- Non, je veux le faire.
- Mais tu as peur n'est ce pas ?
- Oui, mais j'ai peur de plein de choses.
- Ah oui ? Vraiment.
Dans un souffle il s'était rapproché d'elle, à présent, il se tenait dans son dos, les mains dans ses cheveux la bouche au creux de son oreille. C'était plus fort que lui, il faillait qu'il soit prêt d'elle, qu'il sente son odeur si proche de celle d'un tapis de feuille en automne, qu'il voit sa peau si pale et éclatante, qu'il entende les trémolos incessants de sa voix qui la rendait encore plus désirable. Sa voix à lui était étonnement grave et ne tremblait pas, malgré l'émotion dont elle était empreinte.
- Comme quoi ?
- Comme les serpents.

- Ahahah pourtant ils sont gentils....moi ils me fascinent. Et quoi d'autre ?
Son rire cristallin eu sur elle l'effet de l'extasie, et elle se sentie comme emporter par une étrange euphorie mêlée d'amertume.
- J'ai peur dans le noir, mais dans tes bras protecteurs aussi.
- Pourquoi ? Jamais je ne te ferai de mal ma belle.
- Ce n'est pas toi qui me fais peur. C'est moi, j'ai peur de plus pouvoir me passer de toi, et de me laisser m'enfermer dans notre petit monde, surtout, après ça...
- Mais justement, le monde autour de nous n'a pas d'importance.
- Et toi alors, de quoi tu as peur hein ?!
Elle était furieuse. Aussi furieuse qu'apeurée à la pensée de la suite des évènements. Elle s'était retournée vivement après que les mots de cet homme élégant lui eurent chatouillé encore une fois l'oreille. Leurs yeux s'affrontaient en silence. Aussi bleus que la mer qui s'étendait à quelques pas d'eux et rejetait doucement quelques vagues qui revenaient aussitôt.

-Moi...
Sa voix tremblait maintenant. Enfin, jamais elle ne l'avait entendu si faible. Etait-ce sa beauté ou sa prestance qui lui avait dissimulé ce pouvoir attractif, elle n'en savait rien. Mais cela lui donnait des frissons, peut-être de peur, sûrement d'aise, sans doute d'agonie.
- Moi j'ai peur de ne jamais te revoir après ce soir. J'ai peur de te blesser physiquement et moralement.
- Mais je ne t'en voudrai pas.
- ....
Ils se retournèrent, calmes et sereins vers la mer. Elle saisit sa main, il la regarda. Elle était encore plus belle qu'il y a quelques instants, était-ce possible ? Cela lui importait peu désormais. Ses les lèvres pulpeuses frémirent, puis....
- Je suis prête.
Pour la première fois sa voix ne tremblait pas. Même lorsqu'elle lui avait dit qu'elle l'aimait sa voix avait tremblée, peut être pas de peur mais d'émotions. Et à présent, elle semblait déterminée et sûre de son geste.
Lentement, ils marchèrent vers la mer. Et s'enfoncèrent en elle. Les vagues se firent plus fortes, les sons plus amplifiés, la température plus fraîche. Le ciel déjà noir s'obscurcit encore plus. Et la pluie tomba, s'abattant sans vergogne sur la belle, faisant dégouliner son maquillage et onduler ses cheveux. L'homme, lui semblait indifférent à toute cette tempête, ses lèvres murmuraient des paroles inaudible. L'eau leur arrivait au cou à présent, ils ne s'arrêtaient pas. Un dernier regard.
Je t'aime.
Puis ils plongèrent sous une vague immense qui s'abattit sur eux avec violence. Elle n'avait pas doutée, lui n'avait pas paniqué. Et à présent ils entreprenaient ensemble ce voyage vers un autre monde. Lui avait l'habitude, mais elle, était ébahit. Les boucles blondes qui reposaient sagement sur le doux visage de l'homme s'ébouriffèrent comme sous l'effet du vent. Son corps rayonna, sa peau pâlit à l'extrême et devint éclatante de blancheur. Cet ange n'avait certes pas d'ailes, mais il n'en était pas moins beau...

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