Vendredi 18 juillet 2008 à 20:09

Doux leurre, cinquième partie

Les yeux rivés sur le ciel, scrutant le moindre mouvement, Taël attendait. Encore et encore, la nuit tombait sur le monde et elle ne descendait toujours pas. Il se pris la tête à deux mains, épuisé et malheureux, lorsque, enfin, entre ses longues mèches sombres il aperçut un corps tomber. C'était elle. Elle semblait tomber sur le monde comme une larme à la mer. Comme si le cœur de Taël avait rejoint son âme il sentit quelque chose dans sa poitrine se tordre de douleur et les larmes coulèrent à flot « Ne m'oublie pas mon amour, je t'attendrai toujours, je te le promet. ». Sa voix tremblait sous la tristesse et se brisa sous les violents sanglots qui le saisissaient.

Par la fenêtre de sa chambre, la petite Line contemplait vaguement le ciel. Depuis que sa mère était morte et que son père invitait des prostituées chez eux elle était comme déconnectée du monde, en même temps qui ne le serait pas. La nuit était claire, on distinguait sans peine les étoiles et la lune éblouissante. Ce spectacle était magnifique, et c'était généralement pour elle le seul répit de la journée. Les seuls instants où son esprit était à peu prêt clair. Quelqu'un sonna à la porte d'entrée, elle ne bougea pas, ne sursauta même pas, après quelques instants la porte claqua et les rires stridents d'une femme retentirent. Soit, ce n'était qu'un soir comme les autres, elle se saisit de son baladeur CD et en augmenta le volume au maximum. Revenant se blottir sur la banquette qui bordait la fenêtre elle aperçut une étoile filante et fit un vœu en fermant les yeux comme le désirait la coutume. « Je voudrai que papa redevienne comme avant et que tout s'arrange, que tout devienne beau autour de moi, que la brume qui m'envahit disparaisse. » C'est ce moment que le hasard, ou peut être le destin, la différence est minime, choisit pour faire rentrer Eléa dans le corps de la jeune fille. Line se sentit comme apaisée et s'endormit, la musique dans les oreilles et l'ange dans son corps.

Les premiers jours furent rudes, pour Eléa comme pour Line. Malheureusement pour elle, Eléa avait hérité d'une fille à problèmes. Son petit ami la trompait et la giflait lorsqu'il était saoul, il la violait pour calmer sa colère. Son père couchait avec des prostituées tous les soirs. Sa mère était morte. Ses amis pensaient qu'elle était maudite et la délaissait. Comment faire en sorte que cette enfant soit heureuse ? Comment rendre son sourire à cette jeune fille ? Sourire…cela lui fit penser que Taël avait été séduit par son sourire, son sourire d'ange comme il disait. Et elle n'avait pas souris depuis qu'elle était dans ce corps qui n'était pas le sien. Elle déploya tous ses efforts pour la faire sourire, mais c'était sans compter sans la tristesse qui l'harcelait jour et nuit à cause de l'absence de Taël. Il l'attendrait, il l'avait promis, mais tiendrai t'il réellement cette promesse ? De son côté, la belle ange s'appliquait à ne pas rompre la sienne tout en remplissant la part de son contrat. Line commençait à reprendre des formes et des couleurs, elle mangeait correctement et affrontait parfois le regard de son père. Cet homme odieux à qui on ne pouvait pourtant pas en vouloir. Elle retrouvait de l'assurance et ses amis revenaient doucement vers elle. Eléa était épuisée de ces journées à veiller pour commencer que rien de fâcheux ne vint blesser sa protégée physiquement ou moralement et en plus de cela d'essayer d'arranger les choses avec son petit ami. Son père passait encore, il avait ses raisons, même si aucunes raisons ne devraient pouvoir justifier cela. Ses amis, ils étaient bêtes et c'était tout. Mais son petit ami…elle l'avait bien observé, il ressemblait tellement à Jean, son ancien petit ami à elle. Un coureur de jupons, elle l'avait aimé jusqu'à ce qu'elle n'en puisse plus de tout cela. Elle devait faire très attention, il était dangereux pour Line de rester plus longtemps avec pareil homme, mais il était au moins aussi dangereux de le quitter ou de tenter de le faire. Mais les jours passaient et malgré la malchance permanente qui planait au dessus des belles boucles de la jeune fille telle une épée de Damoclès, la jeune humaine semblait reprendre des forces. Elles devenait belle, sûre d'elle, et Eléa, elle en était persuadée, pouvait à présent tenter d'arranger la situation avec son petit ami. « A nous deux petite enflure » se dit-elle le voyant traverser le parc un jour de grand soleil. Elle couru vers lui. Elle n'en pouvait plus, il fallait absolument que ça marche pour qu'elle puisse enfin retourner avec Taël tout là haut.

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