Vendredi 18 juillet 2008 à 20:08

Doux leurre, quatrième partie.

Le temps passa, Eléa n'avait jamais eu la notion du temps si bien que pour elle le temps passa à vitesse égale, cependant pour Taël le temps défilait à une vitesse folle, surtout lorsqu'il était avec sa belle aux yeux d'encre. Mais ce qui était merveilleux au royaume des anges, c'est que la fatigue était beaucoup plus longue à venir et rodait beaucoup moins sur leurs épaules. Ils profitaient beaucoup plus ainsi, et la nuit ils partaient, parcouraient les grandes villes qu'ils n'avaient jamais pu voir, jouaient à cache-cache dans les nuages, c'était Taël le plus fort à ce jeu là, malgré sa silhouette longiligne et moins facile à dissimuler puisque plus grande. S'il était le meilleur c'était surtout parce que le fait de ne plus apercevoir son ange à lui rien que quelques secondes lui faisait peur alors il la cherchait comme si sa vie en dépendait, ce qui était idiot puisqu'elle n'en avait plus. Le bel enfant ne reparut pas avant un long moment. Apparemment nulle âme n'était égarée au point de pouvoir abriter un ange. Mais le matin où il surgit fut terrible.

« Eléa tu pars ce soir. Une jeune fille française, j'ai fait attention à la nationalité, ce sera plus simple pour toi qu'une grecque.
- Et moi ?
- Toi tu restes là pour le moment, les garçons ne semblent pas très productifs côté malheur et désespoir.
- Non, je ne resterai pas. Il s'emporta et hurla, l'enfant resta impassible.
- Ecoute, ce n'est pas grave, bientôt tu me rejoindra et puis sinon on pourra toujours se croiser ici quand j'aurai finit de m'occuper de cette petite…comment s'appelle t'elle au fait ?
- Line.
- Taël tu ne retourneras pas sur Terre tout de suite, tu vas rester ici, il faut que tu m'aides à remettre sur le droit chemin les moins perdus.
- Mais, si je ne retourne pas sur Terre je vais, je vais m'effacer.
- Cela fait tout de même plus de quinze ans que tu es un ange, cesse de faire l'innocence et l'ingénu, ça ne prend pas voyons. Ton âme vivra tranquillement encore quelques mois loin de la Terre. Eléa, est trop jeune pour rester plus longtemps éloignée.
- Allez, je vais partir, mais je reviendrai. Sois sage et attends moi, tu veux bien ? »

Il ne répondit pas, se contentant de grogner et de faire une moue déçue et terriblement triste. C'était à croire que le sort s'acharnait sur lui, s'il avait été catholique il aurait sans doute rejeté Dieu, la Bible et toutes ses chimères, mais il n'avait jamais cru en rien d'autre que la vie. Il ne l'avait jamais autant maudit qu'à ce jour. Il sentit en lui un immense trou noir se former. Ce n'était pas juste. Ce trou noir, depuis qu'il était avec elle il avait disparut, et avant il avait tout fait pour tout du moins l'apaiser. Il restait seul, buvait beaucoup, finalement son âme avait finit par se perdre tout comme celle qu'il devait guider. Eléa lui sourit, l'embrassa tendrement sur le front ce à quoi Taël répondit par un baiser interminable et une étreinte passionnée. C'était la dernière fois avant une période de temps incalculable qu'ils se voyaient, leurs adieux devaient être comme leur amour, inoubliable. Finalement la jeune ange suivit l'enfant dont la mine semblait réjoui. Et si…Non, Taël s'interdit de penser pareille chose, un instant l'idée l'effleura que cet enfant était peut être le diable, chose fort improbable. Il resta ainsi seul, assis sur un nuage, à contempler le monde, sans doute pour tenter de la distinguer lorsqu'elle y serait. Mais quand y serait-elle ?

« Bon, tu m'as bien comprise, c'est simple non ?
- Oui, petit oui, tout petit, faible et misérable qu'elle murmurait presque.
- C'est bien tu as un beau sourire, maintenant pars et souviens toi de notre promesse. Si jamais tu l'enfreins tu te retrouveras dans les bras du diable, c'est là que finissent ceux qui enfreignent les promesses faites aux anges. Amuse toi bien petite marionnette ! »
Décidément quel rire diabolique il pouvait avoir ce sale môme. Elle regrettait déjà les paroles qu'elle venait d'échanger avec l'enfant. Cette promesse risquait de lui coûter bien plus cher que les enfers, mais c'était pour lui. Son seul espoir à présent, était qu'il n'apprenne pas cette promesse maudite qu'elle avait scellée avec les yeux verts et sournois. Elle allait prier durant tout le trajet. L'enfant lui avait dit de sauter dans le vide en fermant les yeux et que quand elle les rouvrirait elle serait dans le corps de la petite Line. Une dernière fois elle regarda derrière elle, inspira un grand coup, murmura « Je t'aime, ne m'en veut pas. » et c'est les yeux fermés, les poings serrés et le corps raide qu'elle plongea dans le vide, ailes rétractées.

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