Vendredi 18 juillet 2008 à 20:13

Doux leurre, septième et dernière partie.

« Bienvenue en enfer l'ange déchu, alors j'espère que tu as un peu mal au moins ? Sinon on va arranger ça. »
 Quelle voix séduisante et puissante, bien plus que celle de Taël. Elle releva la tête. Le diable, magnifique. Beau ténébreux dont les prunelles luisaient d'une émotion indistincte, une musculature parfaite, un être parfait. Un charme sans précédent se dégageait de lui et déjà Eléa sentit sa tête lui tourner sous l'effet de tant de beauté.
Taël avait perçu un hurlement de douleur, celui de Eléa, il en était persuadé, de plus sa présence semblait avoir disparut de la Terre. Il fallait qu'il sorte de cet être pour la retrouver, malheureusement le vieil ivrogne n'allait pas mieux depuis qu'il était là et son corps refusa de le laisser mettre les voiles. Alors Taël fit une chose interdite. Une chose qu'aucun ange avant lui n'avait eu le culot de faire. Il fit marcher le SDF qui reposait contre un mur d'une station de métro jusqu'au bord du quai. Et il attendit, encore et encore. Enfin l'affreux bruit métallique des roues sur les rails retentit. Encore quelques secondes. Le SDF sauta sur la voie, sous les yeux effarés et les hurlements hystériques de témoins du suicide. Le seul moyen de sortir du corps d'un protéger malheureux et de le pousser à mourir, mais la contrepartie était d'aller en enfer pour toujours et de ne jamais revoir la lumière soleil. Néanmoins Taël était convaincu qu'il pourrait revoir le soleil et retrouver Eléa. Ses ailes se déchirèrent, comme écartelées, il hurla de douleur comme n'importe qui l'aurait fait, et sombra dans un coma pour éviter d'avoir à affronter la douleur poignante.

Ses yeux se rouvrirent sur un monde nouveau, et malgré le voile qui pesait encore il vit que ce monde était dévasté de toutes parts. Au milieu de ce carnage sans nom des plaintes s'élevaient, entremêlées de rires, de rires carnassiers et sadiques. En cette désolation où il n'existait apparemment ni froid, ni chaud, se tenaient fiers deux êtres. L'un au teint mat parfait, des yeux brillant d'excitation et des lèvres entrouvertes laissant paraître une dentition parfaitement rangée et ordonnée. A côté de lui, comme une poupée de porcelaine pendait à son bras une jeune fille à la peau pâle et lumineuse, les yeux plus bleus que le ciel espagnol en plein été, des lèvres au rose marqué. Ce couple étrange semblait contraire aux lois de la nature. La jeune fille murmura quelques paroles à l'oreille du grand gaillard à la silhouette musclée et parfaitement dessinée, s'en suivit un rire dément qui rendit ses dents encore plus incroyablement terrifiantes, blanches et rangées, pointues, acérées. Le rire s'arrêta brusquement, laissant place à une voix assurée et charmeuse, irrésistiblement attirante.
 « Alors petite larve, pauvre ange blessé, triste petite peluche démembrée, tu as mal n'est ce pas ?
- Que…Eléa, je dois la retrouver…ah, mon dos, rah, un hurlement bestial et sauvage sorti de sa bouche, son dos le brûlait, ses ailes étaient déchirées.
- Mais regarde mieux Taël.
Elle était là, non, c'était impossible, pourtant il l'avait entendu prononcer son prénom. Où était-elle ? Soudain la vérité se présenta à ses yeux dont le voile décolla. La jolie petite poupée de porcelaine aux yeux bleus et aux lèvres comme un bourgeon de coquelicot….
- Eléa….Vient, on …on va partir, on va revivre et on sera heureux, tout va recommencer et tout ça on va l'oublier, je ferai tout pour te rendre heureuse, pour voir ton sourire encore une fois.
- C'est mon sourire que tu veux ? Eh bien regarde comme il est beau. Il ne t'appartient plus.
- Mais, mais tu disais que tu m'aimais, que…que tu ne regrettais rien, que tu ferai tout pour moi !
- Mais je ne regrette rien, grâce à toi j'ai rencontré Lucifer et c'est de loin la plus belle chose qui me soit arrivé, alors je te remercie mon ange.
Elle se rapprocha encore du diable et déposa un baiser souriant sur ses lèvres, puis repris sa place. Le diable ne parut pas satisfait et lui attrapa le menton pour l'embrasser. Un baiser aussi insignifiant ne suffisait pas pour lui.
- Eléa, qu'est ce que tu fais ?
- Que tu es niais mon pauvre, ce n'est pas pour rien que tu es un ange.
- Mais, je t'aime, ne me laisse pas, regarde je suis revenu te chercher, je te l'avais promis.
- Mais moi je n'ai rien promis du tout. »
Se tournant vers le diable elle rit. Son rire résonnait aux tempes de Taël, un rire d'épouvante, qui eu l'effet d'un poignard dans sa poitrine. Et il se recroquevilla sur lui-même, des larmes coulant sur son visage. Le diable, lui, d'un sourire vainqueur prit la main d'Eléa
« Tu ne veux pas torturer cette pauvre bête ma belle ? Voir ses boucles blondes tâchées de sang ? »
Dans un sourire immense et rayonnant de joie elle le tortura, s'appliquant à suivre les conseils de son diable d'être aimé. Dès les premières paroles elle avait succombé à son charme irrésistible, à sa voix grave et mielleuse, à son corps délicieusement sculpté. Elle était amoureuse du diable et ne le quitterai jamais. Pour elle Taël n'était qu'un vague souvenir, un idiot, un grand benêt. Elle prit un plaisir sans égal à le faire souffrir, à l'entendre pousser des gémissements et à le voir sangloter. Et malgré la douleur lancinante qui le paralysait, l'ange triste ne cessait de répéter « Je t'aime, je t'aime, je t'en veux pas Eléa ».  Finalement Lucifer ne supporta pas qu'il dise encore une fois qu'il aimait Eléa. Un silence s'abattit quelques instants puis deux rires incontrôlables. Le diable et sa compagne se laissèrent dévorer par l'envie qui les habitait et le sang de Taël qui se répandait sous leurs corps nus semblait former une aile d'ange. Et d'ange innocente Eléa devint fiancée du diable.

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