Vendredi 22 février 2008 à 14:02

Je marche encore. Il fait froid, mais peu m'importe. Dès que je suis sortie j'ai sentie la chair de poule se dresser sur mes bras et le vent glacé me caresser le visage et me baiser le cou. C'était agréable, tellement agréable que j'ai finalement arrêter de pleurer, mon corps s'est arrêté de trembler, j'ai ramassé mon sac et j'ai marché. A présent je marche toujours. Depuis combien de temps mes pieds m'entrainent'ils ainsi ? Je n'en sais rien, le temps s'en va et fille entre mes doigts comme le sable fin d'une plage du sud. Le ciel s'éclaircit et rougeoit faiblement devant moi. J'ai la tête en paix, les pensées l'ont déserté. Mes chaussures...elles sont toutes boueuses. Je les avait lavé la semaine dernière. Dommage. Bon tant pis,je m'en achèterai des nouvelles une fois que j'aurai gagné la ville. Mais elle est encore si loin, et mes yeux commencent à me piquer. Bon, je marche encore jusqu'à la prochaine route et j'aviserai, il est encore très tôt, il ne doit pas y avoir grand monde sur la route. Allez marche, marche et ne pense pas à tout ça. Pfou, qu'elle heure peut-il être ? Non, ne regarde pas ton portable, ça va te distraire et t'arrêter. Oh tant pis...eh merde où est ce que je l'ai foutu maintenant ? Mon jean...non, mon sac...non, ma veste....non. Nom d'une coccinelle à huit points ! Je sais où il est maintenant. Je l'ai laissé à la maison. Tant pis. Tant mieux. Au moins comme ça ils ne me retrouveront pas, je m'en rachèterai un, j'ai suffisemment d'argent pour. Et puis comme ça Lola sera contente, elle qui voulait à tout prix un portable. Sale gosse celle là. Bon allez avance maintenant ma grande et essaie de retrouver la route,c'est malin d'avoir voulu couper à travers champ ! Idiote. Il y a vraiment des moments comme ça où je me déteste. Allez ma grande on avance... J'ai en marre de voir toujours le même paysage et mon sac commence à être lourd, j'aurai pas du prendre autant de vêtements, j'ai des sous je pouvaient m'en racheter. Bon t'arrêtes de te plaindre maintenant oui ?!
Ah, le soleil se lève. Salut le soleil, dis, tu veux pas essayer de me réchauffer un peu je meurre de froid. Eh mais c'est quoi tous ces nuages ! Oh non, il va pas pleuvoir quand même, je vais être trempée. Bon bah raison de plus pour avancer plus vite et trouver la route, alors on se bouge ! Je parlais toute seule, et même pire, je parlais avec astre de lumière, le soleil... Je le savais que j'aurai du partir plus tôt, je deviens folle, voilà ce que je me disais, en même temps, cette fugue allait me valloir cher. Mais en réalité ce n'était pas vraiment une fugue. Je venais d'avoir mon bac, j'étais majeur et vaccinée et je ne supportais plus la maison, celà n'étonnerai personne, je regrettais juste de n'avoir pas noté les numéros d'Alice et de Louise.

J'en avais marre, j'avais mal au pieds. En tendant l'oreille j'ai alors entendu un bruit de circulation. Enfin j'apercevais la route, il était temps. La joie et l'espoir retrouvé je courrais vers cette grande route, espérant qu'une bonne âme m'embarquerait jusqu'à la ville. Malheureusement pour moi, les rares véhicules qui passaient n'étaient que des camions et des tracteurs qui de plus, au lieu de partir pour la vie se dirigeaient vers la province et ses ennuis mortels. Je posais enfin mon énorme sac à terre, sur une infime parcelle à peu près absente de boue et de terre. Dieu qu'il était lourd ce sac. Je m'asseyais dessus, n'ayant rien d'autre à faire que d'attendre que la circulation s'intensifie. Le soleil montait dans le ciel, poursuivant sa route, me nargant certainement de me voir contrainte d'attendre. Attendre encore et encore. Mon ventre commençait à gargouiller et je me rapelais que dans ma précipitation et ma précaution à éviter tout bruit qui puisse réveiller la maisonnée, j'avais oublié de prendre un petit déjeuner et j'avais laisser le paquet de gâteaux secs sur le bar. Me restait seulement ma tablette de chocolat au lait spécial déprime et coups durs. Zut...je l'avais mise dans mon sac, or, j'étais assise sur ce sac. Heureusement la tablette était bien protégée au milieu des vêtements. J'en croquais avidement un morceau. Et les larmes commençaient à couler. Je m'y attendais, seulement j'espérais qu'elles ne viendraient que plus tard, une fois en ville. Tant pis, autant pleurer maintenant que personne n'était là. Je mordais encore dans le chocolat, ce chocolat c'était du bonheur qui rentrait par ma bouche pour chasser le malheur par mes yeux. Ma poitrine était prise de soubressauts, ma respiration était sacadée. Et le vent poussait les nuages au dessus de ma tête. Il ne pleuvait pas, je pleurai à la place du ciel. Lorsque je baissais la tête et regardais devant moi je constatais que les voitures étaient plus nombreuses et affluaient toutes vers la ville. Je me levais alors et décidais de commencer à faire du stop. Ca ne devait pas être si compliqué que ça après tout.

D'accord ce n'était pas compliqué, c'était juste erreintant. J'ai du rester le pouce en l'air pendant des heures. Finalement j'en ai eu assez et je me suis rassise sur mon sac de voyage, énorme et confortable. Puis des bruits de klaxons, des hurlements rageurs, et un motard s'arrêta à côté de moi, juste un peu plus loin. Ebahit je clignais des yeux. Le motard descendit de sa bécane et retirait son casque puis il se rapprochait de moi, ne prétant aucune attention visible à sa coiffure déjantée et pour le moins explosive et originale.
" Salut ! me lança t'il dans un grand sourire
- Euh, salut...
- Tu vas où ?
- A Mezt.
- Pas à Nancy ?
- Non, à Nancy ils me retrouveraient vite...
- Ok, bah si ça te va la moto je t'embarque, par contre pour ton sac ça va être chiant...
- Ah, oui, bah tant pis, laisse tomber, je suis désolée de t'avoir fait perdre ton temps, merci beaucoup.
- Pas de problème ! A plus !
- Ouais bye."
Ce garçon était étrange. Enfin, étrange, pas tant que ça, c'est juste que les relations filles-garçons pour moi ça avait toujours très compliqué alors c'était certainement très nouveau pour moi de parler comme ça à quelqu'un que je ne connaissais pas. Quel idiot ce sac de voyage, si seulement je n'avais pas pris toutes ces fringues ! Je rêvais de monter sur une moto, un de ces engins où la sensation de liberté devait être la plus intense qui soit. Et puis ce garçon au sourire sympathique, c'était le premier depuis bien des heures à s'arrêter. Tant pis je le rattrapais.
" Eh attends !
- Ouais ?
- Si je me débarasse du sac tu me prends ?
- Sans problème.
- Alors deux secondes."
Je retournais vivement vers mon bagage. Retirai ma veste, la posais. Je reluquais dans cet énorme masse de vêtements, faisant une pile des plus essetiels. Mon gentil motard me regardais intrigué, le casque sous le bras, un sourire indéchifrable sur les lèvres. Je balançais violemment mes chaussures et enfilais un, puis deux, puis trois pantalons par dessus celui que je portais déjà. Heureusement pour moi je mettais des pantalons moulant comme des pantalons larges, j'allais même jusqu'à dénicher mes trésors dans les magasins de vêtements destinés aux hommes. Lorque j'enfilais un ultime baggy bien trop large pour moi d'ordinaire je constatais qu'il me moulait, j'avais peut être forcé sur la dose... Enfin je m'attaquais aux T-shirts, pulls et autres babioles. Voyant mes débardeurs je retirais mon pull, ce qui eu pour réaction immédiate de faire rire le jeune homme au casque noir. Je ne prètais aucune attention à mon bon samaritains et enchainais les débardeurs, puis les T-shirts, chemises, pulls et gilets. Gilets de garçons évidemment, les gilets de filles sont tellements hideux, et bien trop serrés pour mes formes un peu trop prononcées peut être. Enfin je remettais ma veste sur le dos, lassais mes baskets et fourrait mes tablettes de chocolats dans mes poches. Un dernier regard à mon sac...rien d'important, plus rien d'essentiel à l'intérieur. Je me retournais vers l'homme à la moto. Entre ses lèvres pincées je perçu un son tremblant, puis le garçon explosa et m'honnora de son rire sonnore.
"Quoi ? demandais-je sur la défensive, je me rendais alors compte de la crétinerie de ma question, je venais de vider mon sac et d'enfiler plusieurs couches de vêtements pour partir à moto avec cet inconnu au lieu d'attendre qu'une voiture m'emmena vers la ville comme un carosse vers le château.
- Regarde bien tes fringues et les miennes. rit-il encore. Les larmes aux yeux il ouvrit son blouson de cuir maroon et je reconnu mon gilet. Mon gilet gris à carreau noir sur le dos de ce jeune homme, et son baggy. Il n'avait pas le droit de me voler mes affaires et mon style comme ça !
- Voleur de style !
- Eh c'est pas moi le voleur, c'est pas ma faute si tu t'habilles dans les magasins de mecs !"
Ce n'était pas faut, il marquait un point, zut. Un peu piteuse et honteuse je lorgnais le bout de mes chaussures, soudain un objet rouge me les voila. Un casque. Rouge pourpre, qu'il me tendait.
" T'as déjà fait de la moto ?
- Euh, pas vraiment non.
- Bon, alors tu t'accroches bien soit aux poignées, soit à moi, et surtout par pitié tu ne lâches pas et tu ne cris pas, je vais rouler doucement pour pas te faire peur et que tu ne sois pas désarçonnée.
- Merci."
Sur ce il enfourcha la bête rutilante et la fit rugir après avoir remis son casque en place. Je l'imitais et vérifiais que le casque protégeait bien ma tête de fugueuse. J'enfourchais alors à mon tour la moto, elle me parut bien grande soudain, et lorsque je décidais d'attacher mes bras autour du torse de mon sauveur je sentis mon coeur palpiter. Sans doute les effets de la moto et du voyage à venir. La bestiole démarra lentement, puis pris un peu de vitesse. C'était ennivrant, et malgré tous mes vêtements je sentais le vent s'engouffrer et me transpercer la poitrine. Sentant que mes mains n'étaient pas crispées sur son blouson le jeune homme au casque noir accéléra et cette fois-ci mes mains se crispèrent et mes bras se ressérèrent. Je tremblais de peur et j'espérais alors qu'il ne prendrait pas cette étrainte comme un geste volontaire et profiteur de ma part. Mais après tout, peut être en étais-ce un ?

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